Interviews ou Emissions auxquelles j’ai participé

Emission de Radio : “En quête de sens” présentée par Marie-Ange de Montesquieu. Radio Notre Dame.

Comment épargner nos enfants du traumatisme du divorce ? - En Quête de Sens (radionotredame.net)

Marie-Estelle Du Pont, psychologue clinicienne, psychothérapeute et auteure de « Réussir son divorce » (Larousse, 2023).

Sophie DURAND, thérapeute de couple et de famille et médiatrice familiale.

Sophie RENOUF, avocat en droit de la famille au bureau de Lorient, elle a écrit le « Guide pratique de la séparation » (Jouvence, 2023)

Elle.fr

Interview réalisée par Sabrine Mimouni pour elle.fr > Société > Actu > société. Publié le 18 août 2023 à 19h00.

« Ils se protègent comme ils peuvent » : Ces patients qui mentent à leur psychologue.

Une étude menée en 2015 indique que 93% des patients ont déjà menti à leur psychologue. Peur du jugement, honte ou crainte de se replonger dans ses traumatismes. Les motifs qui poussent certains patients à mentir à leur thérapeute sont nombreux.

Trois concernés racontent. « La thérapie peut être très intrusive », pose Cécile. A 30 ans, la jeune femme fait partie des patients qui ont déjà menti à leur psychologue. Ce comportement, « contre-productif » pour les uns, humain pour les autres, est en réalité assez fréquent en thérapie. Dans une étude publiée en 2015 et citée par le «  Time Magazine », 93 % des personnes interrogées ont admis avoir caché la vérité au moins une fois à leur thérapeute.

Quelles raisons peuvent-elles pousser les patients à tenir des mensonges à leur psychologue ?

Témoignages. « JE SUIS GÊNÉ À L’IDÉE DE PARLER DE CERTAINS COMPORTEMENTS » La honte. C’est le sentiment qui entraîne la plupart des patients dans le mensonge. Ce constat est celui d’une étude menée par les chercheurs en psychologie Jacqueline Patmore et Barry Farbe, dont les conclusions ont été publiées dans la revue « Taylor & Francis Online », le 28 septembre 2022.

Cécile, jeune ingénieure de 30 ans, fait partie de ces personnes qui cachent intentionnellement certains événements à leur psychologue. « Je suis en thérapie depuis plusieurs mois pour travailler mon rapport à la sexualité. J’ai été assez précoce, j’ai commencé à me masturber très tôt. Je n’ai jamais osé lui en parler parce que j’ai honte de ce que cela pourrait dire de moi », raconte-t-elle. « Je suis gêné à l’idée de parler de certains comportements que j’ai pu avoir », confie à son tour Lucas, cadre dans le digital de 35 ans. Le trentenaire, qui n’est plus en thérapie, a déjà menti par omission à sa psychologue : « J’ai évité de raconter certaines choses qui pouvaient pourtant être bénéfiques à ma thérapie. Cela concernait principalement les rapports que j’ai avec ma mère qui sont inexistants pour des raisons familiales. Elle me manque beaucoup, il m’est même déjà arrivé d’être très ému en y pensant. Mais par pudeur, je ne l’ai jamais dit à ma psychologue. »

« Être gêné, c’est la base de la civilisation. C’est prendre en compte l’autre. Un patient qui serait totalement désinhibé et qui ne serait gêné de rien serait inapte à la vie en société », rassure Sophie Durand, thérapeute de couple et de famille. LA PEUR DE SE REPLONGER DANS SES TRAUMATISMES. La crainte de réveiller des traumatismes soigneusement enterrés peut également motiver ces mensonges.

« J’ai consulté parce que j’avais des troubles obsessionnels compulsifs qui rendaient mon quotidien de plus en plus invivable. Mais lorsque la psychologue a tenté de s’intéresser en profondeur à cette problématique, notamment en questionnant mon passé, j’ai menti en affirmant avoir eu une enfance tout à fait normale, alors que pas du tout », avoue Anaïs, cheffe de projet agile de 28 ans. « J’ai suivi cette thérapie pour régler mon problème de TOC pas pour me replonger dans mon histoire familiale qui n’a pas été très simple », ajoute-t-elle.

Sophie Durand a conscience du fait que certains de ses patients ont été amenés à lui mentir : « Ils le font pour se protéger eux-mêmes, mais aussi parce que parfois le patient considère que le mensonge protège son partenaire ou les autres membres de la famille. Il y a cette croyance très ancrée qu’un mensonge peut protéger et de fait, ça peut fonctionner longtemps », indique-t-elle.

L’envie de se protéger, c’est également la raison qui pousse Lucas à ne pas parler de son rapport à sa mère. « J’ai consulté pour une raison bien précise, à savoir des troubles du sommeil. J’ai suivi une thérapie cognitive et comportementale sur quelques mois pour régler ce problème. Je n’avais pas spécialement envie de réveiller d’autres problématiques », raconte-t-il. « J’avais honte d’aller chez le psy » : pourquoi consulter nous fait si peur ?

« EN THÉRAPIE, ON NE CHERCHE PAS LA VÉRITÉ » Si certains patients peuvent développer une forme de culpabilité à l’idée d’avoir ponctuellement menti à leur thérapeute, il semblerait que cela ne soit pas aussi grave qu’ils le pensent. « Lors d’une consultation, il n’y a que du récit, et un récit n’est jamais vrai. Une histoire vraie, ça n’existe pas », rassure la Sophie Durand. Par ailleurs, le thérapeute ne cherche pas trouver la « vérité, mais « à produire un récit de vie cohérent et habitable » pour le patient. Toutefois, un patient qui ment sur les principaux événements de sa vie pourrait limiter l’efficacité de sa thérapie. « Il est évident que quelqu’un qui viendrait et qui mentirait sur toute son existence ferait une thérapie blanche, sans effet, une thérapie qui tomberait à côté de son être. Il y a aujourd’hui sur internet tout un espace pour s’inventer des avatars », insiste la thérapeute. Le rôle du spécialiste consiste non seulement à accompagner les patients, mais aussi à les mettre suffisamment à l’aise pour qu’ils puissent s’exprimer sans crainte. « C’est notre rôle de leur faire comprendre qu’on peut tout entendre. Le thérapeute doit non seulement adopter une attitude bienveillante, mais aussi installer un climat sécurisant », explique-t-elle. Mentir en thérapie est humain. « Ceux qui le font se protègent comme ils peuvent, avec les moyens qu’ils ont. Et s’ils viennent en thérapie c’est justement qu’ils cherchent un autre moyen », rassure Sophie Durand. « On passe toute notre vie à nous libérer des mensonges qu’on nous a faits, que l’on s’est fait sur nous-même et des mensonges dont on est l’auteur » Sabrine Minouni. 

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Interview réalisée par Sabrine Mimouni pour cosmopolitan.fr. Publié le 3 août 2022 à 19h00.

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